Immobile
Un pâle rayon de lumière vient s’échouer sur le lit.
Semblable à une mer blanche sans vie, les plis du tissu trop amidonné forment des vagues figées.
La fenêtre entre ouverte laisse filtrer des morceaux de vies : voix d’enfants, bruits de moteurs… des odeurs aussi.
Un minuscule insecte sans nom se promène lentement sur la banquise de coton.
Il prend tout son temps.
Il ne risque rien.
L’occupant du grabat est immobile.
Il ne bouge pas, tout son corps est inerte.
Le faible mouvement paisible de sa cage thoracique indique qu’il est bien en vie.
Pourtant il ne dort pas, ses yeux grands ouverts balaient lentement le mur en face.
Il compte et compte encore les petits carrés verts et gris qui recouvrent la partie supérieure des murs qui l’entourent.
C’est son unique terrain d’aventures.
Il les additionne, les multiplie, les divise, organise des classements imaginaires.
C’est sa seule gymnastique.
A portée de son regard une photo encadrée est posée sur la table de nuit.
Il la regarde souvent même si ça lui fait mal.
Très mal.
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