La droite radicale à la montagne
Le WE des 21 et 22 avril, le soleil brillait sur les Alpes encore enneigées et plus particulièrement au Col de l’Echelle, à 1760 m d’altitude.
Grands espaces d’une immense beauté qui forcent le respect, sanctuaire d’une nature encore préservée, rendez-vous de tous les passionnés de randonnées, des amoureux du calme, du dépaysement, d’un pique-nique en famille ou entre amis.
Situé à 6 kilomètres de la frontière avec l’Italie ce col n’est pas qu’un endroit recherché par les touristes, c’est par là que tentent de passer en France de nombreux migrants.
Et c’est là aussi que ce we des 21 et 22 avril des militants de Génération Identitaire ont mené une action d’envergure – du moins médiatiquement – pour tenter d’empêcher toute entrée de nouveaux migrants sur le territoire français.
Ne nous trompons pas, derrière leur sourire éclatant, sous leur allure de jeunes bien éduqués, dans leur belle doudoune bleu azur, il s’agit avant tout d’une action violente.
A la manière d’une milice privée, s’octroyer le droit d’empêcher par la force un individu, quel qu’il soit, de pénétrer sur un territoire est un acte de violence.
On ne peut être que stupéfait par les moyens mis en œuvre dans cette action de guerrilla : un hélicoptère, un avion, les doudounes en guise d’uniforme (rien de tel qu’un uniforme pour se sentir appartenir à un groupe, s’y fondre, s’y noyer, s’y dissoudre, ne faire qu’un, se sentir plus fort, obéir et être dirigé), des calicots, des moyens vidéos,…
On comprend très vite que derrière cette légion de fanatiques, existe une force économique très puissante, qui n’a pas de nom, pas de visage, pas d’identité propre, présente dans plusieurs pays occidentaux, invisible elle dirige dans l’ombre.
Il faut bien prendre conscience qu’il ne s’agit pas là d’un fait anecdotique qu’il faut banaliser.
C’est ici, comme une cristallisation, la manifestation physique d’une lutte entre deux mondes, entre deux visions du monde, deux imaginaires, deux paradigmes.
Et comment ne pas s’étonner du manque flagrant de réaction du gouvernement français face à ces actions de Génération Identitaire ou plutôt de la disproportion entre l’absence d’intervention et les forces déployées et les moyens de répression mis en oeuvre, par exemple, dans le conflit de la ZAD.
Faut-il y voir de la part du gouvernement comme un consentement tacite, comme un encouragement, pour satisfaire son électorat situé à droite, voire à l’extrême droite ?
Et si dans ce gouvernement certains utilisent très volontiers, comme une accusation ou une injure, les termes de « gauche radicale », je n’entends jamais, je ne lis jamais émanant de ce même gouvernement, les termes de «droite radicale», comme si celle-ci n’existait pas.
Deux poids, deux mesures ou deux visions différentes de l’ordre et de la société ?
N’allez pas penser que cette joyeuse excursion en montagne est une petite aventure passagère, une activité de team building pour cadres commerciaux en quête de ressourcement, une conviviale mise au vert.
Ce mauvais film, ces mauvais acteurs très fiers de poser devant leurs grosses 4 x 4 Toyota (exactement comme les combattants de Daesh), ces démonstrations de puissance et de force, en toute impunité, c’est le syndrome d’une guerre qui n’a pas de nom et qui a encore de beaux jours devant elle.
Dans cette mondialisation qui réduit les frontières, qui a tendance à les gommer, qui peut donner à certains le sentiment de perdre leur identité, leurs racines, de ne plus exister.
Dans cette mondialisation où règne en maître absolu la compétition économique, où le capitalisme asservit absolument tout, la nature, l’humanité, où des différences de revenus et de niveaux de vie atteignent des seuils insoutenables, où les effets du réchauffement climatiques et de la destruction de nos environnements produisent déjà de tristes ravages obligeant des populations à migrer.
Dans cette mondialisation où se brassent des peuples et des cultures dont les modes de vie, les us et coutumes sont influencés et conditionnés par des religions qui empêchent ou compliquent le « vivre ensemble ».
Dans cette mondialisation où, par exemple, des travailleurs et des travailleuses au « bout du monde », fabriquent 12 heures par jour dans des conditions abominables l’immense majorité de nos vêtements – et peut-être mêmes les belles doudounes bleu azure de ces belles gueules si sûres de la justesse de leur combat – pour un salaire de misère, sans que cela nous empêche de dormir.
Dans cette mondialisation où nos univers se rétractent jaillissent alors comme des sources empoisonnées les chocs frontaux de mondes qui ne se connaissent pas, qui ne veulent pas se connaître, qui campent sur leurs traditions, leurs conditionnements, leurs croyances, leurs dogmes et leurs certitudes sclérosées.
Violence dans les actes mais aussi dans les mots, avec la création d’expressions qui dans des raccourcis imbéciles, vides de sens, deviennent des injures que l’on se balance sans cesse, rendant impossible tout dialogue, supprimant la raison jusqu’à l’affrontement sans fin, oui, sans fin.
C’est la peur qui domine, qui gouverne.
Si les nations sont un refuge où il fait bon vivre, où l’on bâti sa vie, son histoire, le nationalisme est le repli sur soi, l’égoïsme, jusqu’à l’auto destruction, l’Histoire le démontre à suffisance.
J’ai en permanence à l’esprit le tableau du peintre Francisco de Goya, « Duel aux Gourdins »
Nous en sommes-là.
Enlisés dans nos certitudes, nous nous affrontons dans des combats stériles et hautement destructeurs, meurtriers.
La haine de l’autre, de ses différences, n’a jamais produit quelque chose de positif. Jamais !
Encore une fois l’Histoire le démontre.
Dans une bataille, dans chaque camp, il y a toujours des perdants et on ne revient jamais à l’état antérieur.
Antoine de Saint Exupéry a écrit ces mots : “Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m’enrichis.”
Le grand compte à rebours a débuté, notre monde se meurt, un autre est à construire, ensemble et pas les uns contre les autres, c’est le grand chantier de ce siècle.
Il va falloir s’entendre et partager le gâteau, nous n’avons pas le choix, c’est une question de survie.
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